Old draft, never finished, scarcely begun.
No halo, no sign of ecstasy, no particular point at all emphasised: only this woman, seated at a table, her head supported in her right hand, while the fingers of her left hand seem to caress a skull.
The entire scene, cast mostly in shadow, is lit by a single candle one can just make out, burning behind the skull.
Before her the skull is reflected in a small mirror: the woman doesn't look at the skull itself but her eyes are held by its reflexion in the mirror.
However, we have the impression that really she is gazing within herself.
This painting of Georges de La Tour belongs to his Magdaleine
series: there are two Magdeleine à la veilleuse (one at the Louvre and the other at Los Angeles), the Magdeleine pénitente (at the Metropolitan Museum in New York) and this Magdeleine repentante (dated to 1635-1640, probably the oldest of the series, kept at the National Gallery in Washington DC).
J’ignore si le titre attribué à cette oeuvre remonte à l’artiste lui-même ou s’il lui a été donné postérieurement, cependant, pour ce qui me concerne, je l’eusse plus volontiers appelée « Magdeleine pensive ».
L’enseignement délivré par cette oeuvre est simple : c’est une sorte de Memento mori (« Souviens-toi que tu vas mourir »). Sont ici représentés des éléments de ces « vanités » prisées par l’époque baroque : le miroir, le crâne, la chandelle… Ce sont les symboles de la fugacité des bonheurs terrestres, de la fragilité de notre existence, de la précarité de la beauté.
Marie, dite Magdeleine – c’est-à-dire de Magdala : Magdala était une bourgade sur la rive du lac de Tibériade où Marie possédait un domaine – , avait été délivrée de sept démons par le Seigneur Jésus-Christ (cf. Luc. VIII, 2 ; la tradition spirituelle y voit les sept péchés capitaux alors que les amateurs d’histoires croustillantes n’ont voulu se souvenir que de la luxure). Elle s’attacha aux pas de Notre-Seigneur et le suivit jusqu’au Calvaire : ainsi peut-elle être considérée comme l’une de ses plus fidèles disciples. Présente au pied de la Croix et lors de la mise au tombeau (tandis que les Apôtres, hormis Saint Jean, avaient fui), elle est aussi la première au tombeau, le matin de Pâques, la première à laquelle les Saints Evangiles nous rapportent que le Ressuscité apparut, lui donnant mission de prévenir les Apôtres. De là le titre d’Apostola Apostolorum – Apôtre des Apôtres – qui lui est décerné. Après l’Ascension, la tradition nous rapporte qu’elle évangélisa la région de Marseille avant de se retirer à la Sainte Baume où elle vécut une trentaine d’années dans la contemplation.
Le tableau de La Tour semble nous placer à l’instant charnière où la Magdeleine, bouleversée par la rencontre du Christ Sauveur, abandonne sa vie de mondaine pour se mettre à la suite de Jésus.
Le livre évoque celui des Ecritures Sacrées, le crâne renvoie bien entendu à la mort : la Parole de Dieu et la compréhension de la vanité des plaisirs terrestres se sont frayé un chemin dans le coeur de la courtisane et l’ont mise en face des enjeux éternels dont la vie d’ici-bas n’est que le prélude.
Plus de bijoux ou de produits de beauté sur cette table qui, il n’y a pas si longtemps encore, était peut-être une coiffeuse.
La chevelure déliée, la chemise entrouverte laissant l’épaule nue ne sont plus les signes des provocations de la débauche, mais indiquent plutôt qu’il y eu un moment de tempête et d’agitation, maintenant calmé. L’attitude générale rayonne d’une détermination réfléchie, apaisée.
Le miroir, attribut par excellence de la coquetterie, n’est plus là pour refléter des parures et des poses aguichantes, mais intervient comme témoin d’une vérité salutaire : ce que Magdeleine contemple dans le miroir, ce n’est plus son propre visage, mais le reflet du crâne. Memento mori !
Regardons maintenant plus attentivement encore ce tableau ; une chose étonnante doit y être remarquée : alors que nous nous trouvons dans une position latérale par rapport à Marie-Magdeleine et par rapport au miroir – qui se font face – nous pouvons nous-mêmes voir le reflet du crâne dans la glace. Normalement, si nous voyons le crâne, Magdeleine ne le voit pas ; et si c’est elle qui le voit, c’est nous qui ne devrions pas le voir! Or la composition de l’oeuvre, avec en particulier le jeu du regard de la Magdeleine et du miroir ne laissent pas de place à l’hésitation : elle voit le crâne dans son miroir.
Car en fait l’artiste n’a pas peint la réalité telle qu’elle apparaîtrait sur une photographie : la manière dont il a représenté la scène traduit une intention. Ce que voit le spectateur dans le miroir, c’est aussi ce que voit la Magdeleine. Le spectateur est comme obligé par le peintre de se mettre à la place de la Magdeleine et à voir à travers son regard à elle.
Ce faisant, Georges de La Tour nous délivre un message particulièrement fort.
En effet, la figure évangélique de Marie-Magdeleine peut être comprise comme la représentante de l’humanité auprès du Christ : marquée par le péché, séduite par les vanités terrestres et se laissant entraîner par ses penchants désordonnés, elle est elle-aussi appelée à rencontrer le Sauveur, à être absoute de ses fautes, à Le suivre jusqu’au Calvaire afin d’avoir part à la joie de la vie nouvelle du Ressuscité!
Ainsi, à travers cette toile, Marie-Magdeleine engage-t-elle chacun de ceux qui regardent le tableau autrement que superficiellement à suivre son exemple. Nous devons, comme elle, abandonner les voies de la perdition, quitter les sentiers du péché et nous défier des faux semblants puisque le miroir, en définitive, dit toujours la vérité : à celui qui ne s’arrête pas à la surface des choses, il renvoie l’image de la mort.
Memento, homo, quia pulvis es et in pulverem reverteris : souviens-toi, ô homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière!
J’ignore si le titre attribué à cette oeuvre remonte à l’artiste lui-même ou s’il lui a été donné postérieurement, cependant, pour ce qui me concerne, je l’eusse plus volontiers appelée « Magdeleine pensive ».
L’enseignement délivré par cette oeuvre est simple : c’est une sorte de Memento mori (« Souviens-toi que tu vas mourir »). Sont ici représentés des éléments de ces « vanités » prisées par l’époque baroque : le miroir, le crâne, la chandelle… Ce sont les symboles de la fugacité des bonheurs terrestres, de la fragilité de notre existence, de la précarité de la beauté.
Marie, dite Magdeleine – c’est-à-dire de Magdala : Magdala était une bourgade sur la rive du lac de Tibériade où Marie possédait un domaine – , avait été délivrée de sept démons par le Seigneur Jésus-Christ (cf. Luc. VIII, 2 ; la tradition spirituelle y voit les sept péchés capitaux alors que les amateurs d’histoires croustillantes n’ont voulu se souvenir que de la luxure). Elle s’attacha aux pas de Notre-Seigneur et le suivit jusqu’au Calvaire : ainsi peut-elle être considérée comme l’une de ses plus fidèles disciples. Présente au pied de la Croix et lors de la mise au tombeau (tandis que les Apôtres, hormis Saint Jean, avaient fui), elle est aussi la première au tombeau, le matin de Pâques, la première à laquelle les Saints Evangiles nous rapportent que le Ressuscité apparut, lui donnant mission de prévenir les Apôtres. De là le titre d’Apostola Apostolorum – Apôtre des Apôtres – qui lui est décerné. Après l’Ascension, la tradition nous rapporte qu’elle évangélisa la région de Marseille avant de se retirer à la Sainte Baume où elle vécut une trentaine d’années dans la contemplation.
Le tableau de La Tour semble nous placer à l’instant charnière où la Magdeleine, bouleversée par la rencontre du Christ Sauveur, abandonne sa vie de mondaine pour se mettre à la suite de Jésus.
Le livre évoque celui des Ecritures Sacrées, le crâne renvoie bien entendu à la mort : la Parole de Dieu et la compréhension de la vanité des plaisirs terrestres se sont frayé un chemin dans le coeur de la courtisane et l’ont mise en face des enjeux éternels dont la vie d’ici-bas n’est que le prélude.
Plus de bijoux ou de produits de beauté sur cette table qui, il n’y a pas si longtemps encore, était peut-être une coiffeuse.
La chevelure déliée, la chemise entrouverte laissant l’épaule nue ne sont plus les signes des provocations de la débauche, mais indiquent plutôt qu’il y eu un moment de tempête et d’agitation, maintenant calmé. L’attitude générale rayonne d’une détermination réfléchie, apaisée.
Le miroir, attribut par excellence de la coquetterie, n’est plus là pour refléter des parures et des poses aguichantes, mais intervient comme témoin d’une vérité salutaire : ce que Magdeleine contemple dans le miroir, ce n’est plus son propre visage, mais le reflet du crâne. Memento mori !
Regardons maintenant plus attentivement encore ce tableau ; une chose étonnante doit y être remarquée : alors que nous nous trouvons dans une position latérale par rapport à Marie-Magdeleine et par rapport au miroir – qui se font face – nous pouvons nous-mêmes voir le reflet du crâne dans la glace. Normalement, si nous voyons le crâne, Magdeleine ne le voit pas ; et si c’est elle qui le voit, c’est nous qui ne devrions pas le voir! Or la composition de l’oeuvre, avec en particulier le jeu du regard de la Magdeleine et du miroir ne laissent pas de place à l’hésitation : elle voit le crâne dans son miroir.
Car en fait l’artiste n’a pas peint la réalité telle qu’elle apparaîtrait sur une photographie : la manière dont il a représenté la scène traduit une intention. Ce que voit le spectateur dans le miroir, c’est aussi ce que voit la Magdeleine. Le spectateur est comme obligé par le peintre de se mettre à la place de la Magdeleine et à voir à travers son regard à elle.
Ce faisant, Georges de La Tour nous délivre un message particulièrement fort.
En effet, la figure évangélique de Marie-Magdeleine peut être comprise comme la représentante de l’humanité auprès du Christ : marquée par le péché, séduite par les vanités terrestres et se laissant entraîner par ses penchants désordonnés, elle est elle-aussi appelée à rencontrer le Sauveur, à être absoute de ses fautes, à Le suivre jusqu’au Calvaire afin d’avoir part à la joie de la vie nouvelle du Ressuscité!
Ainsi, à travers cette toile, Marie-Magdeleine engage-t-elle chacun de ceux qui regardent le tableau autrement que superficiellement à suivre son exemple. Nous devons, comme elle, abandonner les voies de la perdition, quitter les sentiers du péché et nous défier des faux semblants puisque le miroir, en définitive, dit toujours la vérité : à celui qui ne s’arrête pas à la surface des choses, il renvoie l’image de la mort.
Memento, homo, quia pulvis es et in pulverem reverteris : souviens-toi, ô homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière!
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